
Le JAD et la Manufacture de Sèvres : entre héritage et adaptation avec l’exposition Aléas

Le JAD – Jardin des métiers d’Art et du Design, partage bien plus qu’un voisinage avec la Manufacture de Sèvres. Entre ces deux institutions, une histoire commune s’écrit depuis plus d’un siècle autour de la transmission, de l’innovation et de l’expérimentation sensible autour de la matière. L’exposition Aléas, pratiques de l’adaptation, présentée au JAD jusqu’au 3 août 2025, vient aujourd’hui révéler ces liens entre les deux institutions.
Installé depuis 2022 dans les anciens locaux de l’École Nationale Supérieure de Céramique, le JAD prolonge la vocation du lieu en croisant métiers d’art, design et création contemporaine. Dans ces bâtiments, classés Monuments Historiques, il accueille aujourd’hui artisans et designers, publics et expositions.
L’exposition Aléas, pratiques de l’adaptation s’inscrit dans cette histoire. Conçue par les designers Baptiste Meyniel et Nicolas Verschaeve, commissaires et scénographes, elle met en lumière une vingtaine de pièces dont les démarches de création et de production dialoguent avec l’imprévu. L’exposition témoigne également des liens entre le JAD et la Manufacture de Sèvres.
C’est en effet lors d’une résidence à la Manufacture de Sèvres que Baptiste Meyniel découvre plusieurs tonnes de kaolin inutilisés. Cette argile blanche employée pour la fabrication de la porcelaine était stockée dans “le moulin” depuis près de vingt ans. Ce matériau endormi devient alors le point de départ de la scénographie de l’exposition. Déversés en tumulus, les tas de kaolin accueillent les œuvres et structurent l’espace : une manière de faire avec l’existant, de composer avec ce qui est déjà là, et de transformer un résidu en ressource. Par ce geste, la scénographie rejoint la philosophie d’Aléas, qui invite à interroger notre rapport aux matériaux, à l’improvisation, aux contraintes comme moteurs de création.

© Nicolas Verschaeve


Ce dialogue entre le JAD et la Manufacture de Sèvres s’incarne également à travers le prêt d’une pièce issue des collections du Musée. Depuis les réserves, une création du designer François Azambourg chemine vers le JAD, où elle trouve une place privilégiée dans l’exposition Aléas, pratiques de l’adaptation. Composée de l’emblématique vase Charpin en porcelaine et un morceau de termitière, elle traduit une volonté d’accueillir l’imprévisible dans le processus de conception.
Une conférence croisée entre le duo de designers Valentine Tiraboschi et Sacha Parent – dont les pièces réalisées en résidence à la Manufacture sont présentés au sein de l’exposition – et Vincent Fauvel, chercheur en sciences des matériaux au sein de la Manufacture, prolonge cette réflexion en rendant visibles les circulations entre création, recherche et expérimentation.

© Nicolas Verschaeve


Autre volet de cette collaboration : un workshop mené avec treize étudiants en DSAA Design d’Objet de l’Ensaama, autour du kaolin a eu lieu au JAD. Accompagnés par Baptiste Meyniel, ils ont exploré pendant cinq jours les potentiels formels et techniques de cette matière, tout en veillant à préserver sa pureté. Leurs réalisations, exposées lors des Journées Européennes des Métiers d’Art en avril 2025, témoignent d’une approche sensible, durable, et résolument contemporaine de la matière.

© Baptiste Meyniel


En tissant ces liens entre le JAD et la Manufacture, Aléas pratiques de l’adaptation réactive un territoire de sens et réaffirme une continuité vivante entre institutions, générations et pratiques. Elle illustre, enfin, la vocation profonde du JAD: faire dialoguer les métiers d’art et le design avec les enjeux de notre époque, sans jamais rompre avec la mémoire du lieu.
L’exposition “Aléas, pratiques de l’adaptation” est ouverte au public jusqu’au 3 août au JAD.
Sur la même thématique

Le JAD et la Manufacture de Sèvres : entre héritage et adaptation avec l’exposition Aléas

De l'ouest au coeur de Paris, découvrez les créateurs du JAD à la Factory

Juana García-Pozuelo, rencontre entre l’idée et la main
