
Nuit de la création 2025 : Versailles célèbre la création avec le JAD

Chaque début d’octobre, Versailles s’offre une parenthèse nocturne singulière : la Nuit de la création. Inspirée de la Nuit Blanche parisienne, cette manifestation transforme la ville en un vaste parcours artistique. L’édition 2025, qui se tiendra le samedi 4 octobre, de 19h00 à 23h00, promet de nouvelles rencontres entre patrimoine, art contemporain et métiers d’art. Pour cette édition 2025, plusieurs créateurs du JAD occupent une place de choix. Séverine Boursin, Adjointe au Directeur des affaires culturelles à la Ville de Versailles, revient sur cette programmation et sur l’esprit de la Nuit de la création.
Comment est née l’idée de la Nuit de la création ?
Séverine Boursin : La Nuit de la création fête sa 14ᵉ édition. À ses débuts, elle était centrée sur les étudiants de l’École des Beaux-Arts de Versailles et s’exprimait surtout par des projets plastiques. Depuis quatre ou cinq ans, l’événement s’est ouvert à d’autres formes : musique, spectacle vivant, cinéma, photographie, artisanat d’art, design. L’idée reste la même : démocratiser la création contemporaine, valoriser les jeunes talents et investir la ville autrement, en invitant le public à découvrir librement des œuvres dans des lieux culturels.
Ce qui nous motive aujourd’hui à poursuivre les éditions de la Nuit de la création, c’est avant tout le soutien à la jeune création et à la création contemporaine. Nous n’imposons aucun critère d’âge dans la sélection des projets et encourageons toutes les formes de création et tous les médiums artistiques. Chaque artiste retenu bénéficie d’une dotation de 1 000 euros pour l’aider à concevoir et installer son œuvre pour l’événement. Pour le Maire, le fil rouge de cette manifestation reste la mise en valeur des savoir-faire locaux et émergents : chaque année, près de 3 000 personnes participent à cette déambulation, offrant une visibilité précieuse aux artistes et contribuant au rayonnement de la création contemporaine sur le territoire.

© Nuit de la création 2024 EBA

© Nuit de la création 2024 CRR
En quoi Versailles est-elle un cadre particulier pour cet événement ?
S.B.: Versailles est une ville très identifiée à son Château, mais notre objectif est de montrer qu’elle est aussi un terrain fertile pour la création contemporaine. Douze lieux participent cette année, parmi lesquels l’Ancienne Poste, le Musée Lambinet, l’École des Beaux-Arts, le Conservatoire à rayonnement régional ou encore le cinéma UGC Roxane. Deux nouveaux lieux rejoignent le parcours en 2025 : l’Osmothèque, Conservatoire international des parfums, et l’Académie équestre. Certains sites, habituellement fermés, comme la Rotonde, s’ouvrent exceptionnellement au public pour l’occasion, offrant aux visiteurs la possibilité de découvrir Versailles autrement.
D’autre part, la Nuit de la création mobilise l’ensemble du territoire versaillais et un large réseau de partenaires. Outre les lieux et équipes rattachés à la mairie, comme l’École des Beaux-Arts ou l’Université ouverte, l’événement s’appuie également sur des partenaires extérieurs, tels que l’UGC Roxane avec une projection de film ou l’Académie équestre et la Maréchalerie – Centre d’art de l’Ecole nationale supérieure d’architecture. Cette dynamique permet de créer un parcours artistique qui traverse la ville et ses différents espaces culturels. L’une des priorités de l’organisation est également la médiation : les artistes eux-mêmes sont présents pour présenter et expliquer leurs œuvres au public, offrant ainsi une expérience directe et enrichissante, qui favorise l’échange et la compréhension des créations.
Quelle place occupe le JAD dans la programmation 2025 ?
S.B. : Les créateurs du JAD constituent l’un des temps forts de cette édition. Certains présentent des œuvres personnelles conçues spécialement pour la Nuit de la création,
À l’Ancienne Poste, Luce Couillet propose I AM WHAT I AM: Gloria, Joséphine & André, une installation extravagante où le cabaret rencontre la disco et le baroque. Les couleurs vives et les ornements scintillants plongent le visiteur dans un univers théâtral, à la fois ludique et poétique.
À l’École des Beaux-Arts, le duo formé au JAD par la designer olfactif Carole Calvez et la designer coloriste Marta Bakowski dévoile Halo, une installation immersive combinant lumière, couleurs et parfum. Le spectateur est invité à se laisser envelopper par un halo sensoriel où chaque nuance olfactive dialogue avec la lumière, créant une expérience à la fois intime et collective.
À l’Osmothèque, Sofia Shazak présente Unité, une tenture en cuir suspendue, où rigueur géométrique et arabesques souples se répondent. L’œuvre évoque la tension entre force et finesse et résonne particulièrement avec l’univers de la parfumerie, en lien avec la note cuir, emblématique de nombreuses créations parfumées.
Au Conservatoire de Versailles, Héléna Guy Lhomme et Victoire Costes, proposent Comment faire pousser un arbre carré. Cette installation poétique questionne notre rapport à la nature et aux structures artificielles, et offre une réflexion ludique et contemplative dans un espace patrimonial inattendu.
Ces créations incarnent pleinement l’esprit du JAD et de la Nuit de la création : un dialogue constant entre savoir-faire, matériaux singuliers et regards contemporains, tout en mettant en avant la dynamique des collaborations entre jeunes artistes.

HALO, Marta Bakowski et Carole Calvez © Le JAD

I AM WHAT I AM, Luce Couillet © LC
Comment sélectionnez-vous les projets et accompagnez-vous les artistes ?
S.B. : Nous lançons au printemps un appel à projets ouvert aux créateurs de l’Ouest parisien. Un jury, composé d’élus et de professionnels de la culture, sélectionne les propositions en veillant à leur diversité et à leur pertinence par rapport aux lieux. Les artistes bénéficient d’un soutien financier pour réaliser leur œuvre ainsi que d’un accompagnement scénographique. Il est essentiel que chaque création établisse un dialogue avec son lieu d’accueil, sans que cette correspondance ne soit interprétée de manière trop littérale. Ainsi, l’installation de Sofia Shazak à l’Osmothèque ne se limite pas à une simple présence dans un espace dédié : la tenture en cuir entretient une relation profonde avec le lieu, puisque le cuir, matériau central de son œuvre, est également une “note” présente la composition de parfums. Ce type de résonance contribue à l’originalité de la Nuit de la création.
Quel public visez-vous ?
S.B. : Tout le monde. L’événement est gratuit et attire un public très large, des familles avec enfants aux curieux qui ne fréquentent pas habituellement les lieux culturels. La déambulation nocturne crée une atmosphère conviviale, propice à la découverte. Les créateurs sont présents pour échanger avec les visiteurs, ce qui instaure une relation directe et très appréciée. C’est une façon de montrer que l’art n’est pas réservé à une élite mais qu’il peut être partagé simplement, dans l’espace public et dans des lieux familiers.

© Nuit de la création 2024 – Ancienne Poste

© Nuit de la création 2024 – Carré à la Farine
Quels sont vos projets ou vos envies pour les prochaines éditions ?
S.B. : L’ambition est de faire de cette Nuit de la création un événement culturel accessible et fédérateur. Nous souhaitons attirer davantage de projets innovants et surprenants, avec des œuvres uniques et riches de sens, tout en élargissant le nombre de lieux participants pour offrir aux visiteurs un parcours toujours plus diversifié et stimulant. L’objectif est de continuer à créer des rencontres inédites entre patrimoine, création contemporaine, design, et savoir-faire locaux, tout en renforçant l’impact et la visibilité de l’événement.
Si vous deviez donner une seule raison de venir à la Nuit de la création 2025 ?
S.B. : Je dirais de venir pour se laisser surprendre par la créativité des artistes, et en particulier par celle des créateurs du JAD, qui démontrent combien les métiers d’art et du design savent dialoguer avec l’histoire et inventer de nouvelles formes de créations contemporaines.
Rendez-vous le samedi 4 octobre 2025, de 19h à 23h, pour une promenade nocturne gratuite et familiale au cœur de Versailles.
Propos recueillis par Iloé Fétré, responsable communication du JAD
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